Lecia

On s'est rencontré un été, où je faisais du camping sauvage. Ses yeux bleus, la nature, l'eau froide et sa peau qui jour à après jour était de moins en moins blanche. Elle ramassait des branches pour faire un feu. Le repas du soir, on l'a fait cuire au bout d'un baton. Les étoiles, les moustiques, la citronelle, les histoires, l'ivresse, elle parlait du repos du guerrier et de la beauté de l'être humain.... La chaleur moite, le réveil suite aux cris de touristes coincés dans un canoë.  

Elle m'a déposé, les vacances n'étaient pas finies, on s'est revu dans un resto, j'ai oublié mon pull chez elle. Je suis revenu avec une bouteille de vin, j'ai récupéré mon pull. On a encore bu des canons, j'ai rien oublié, mais j'ai payé le petit déjeuner. Elle est partie faire du bénévolat. Je suis retourné travailler. 

Il y a eu Paris, le soleil fade, la polution, ses bottines à talon noir. Elle marchait sans gêne en chausettes ou pieds nus sur le lino pas lavé. Je lui ai demandé des conseils shopping, on a marché, on est allé au cinéma, il s'est mis à pleuvoir, on a bu du whisky. Je me suis réveillé, elle n'était plus sous mes draps, j'ai appelé. Elle était habillée et m'a demandé si je voulais fermer derrière elle. Elle a claqué la porte, je suis resté allongé. 

Il y a eu les messages pour savoir si elle était bien rentrée, comment allait la vie...Il y a eu la question des autres hommes, des autres femmes. J'étais maladroit, je posais des questions, je répondais avant qu'elle réponde, avant qu'elle me retourne la question.

Il y a eu le silence, le quotidien, le travail, l'hiver. 

Puis, "Salut ça va ?" et pleins d'autres questions embarrassantes qui me torturaient l'esprit. Mes nuits d'insomnies et où elle en était ? 

J'ai osé, les questions, les réponses, les désirs, les jeux, les envies, mais y avait la dépression, l'alcool, la clope, le café à 3h avant de dormir, le ménage toujours pas fait. 

Elle m'avoue qu'elle est capricieuse, comme les enfants, "je veux, je veux, je veux...". Je suis étonné et associable. 

Après le printemps, vient l'été, elle part travailler dans un pays un peu froid. Ma dépression a besoin de vacances, de fuir la polution et la société pressée. Le soleil, l'eau froide d'un lac au réveil, la bière, les nuits longues, le réveil quand le soleil est haut ; la vie simple, où on se repose avec une amoureuse. 

Puis Paris, la polution, les pubs, les factures, une carte postale avec des batiments en noir et blanc. 

"Tu veux m'épouser ?

On vivrait à la campagne, près d'un lac il y aurait du soleil, on se baignerait nu le matin.

Peut être que j'aimerais l'eau froide sur mes seins.

 Lecia"